Article écrit à quatre mains par Patrick 6 et Françoise M.
L'article suivant est né du défi lancé à l'un de ses auteurs : "Toi qui aimes à la fois Paris et le cinéma de Martin Scorsese, arriverais-tu à faire coïncider ces deux amours dans un texte ?"
Paris, ville de la légèreté, de la frivolité et Martin Scorsese, cinéaste de la violence urbaine typiquement New-Yorkais ?
Forget it...No way!
Oui, mais, à y regarder de plus près, il existe entre Paris et Scorsese des liens importants, pas nécessairement heureux et, surtout, deux occurrences de films tournés à Paris : pour le premier, quelques séquences et, pour le second, l'intégralité des scènes hors studio.
Donc, oui, l'autre membre de notre duo étant résolu également à relever le défi, nous décidâmes de suivre Martin Scorsese du côté de ses aventures parisiennes.
Avant même d'évoquer les deux films de Scorsese liés à Paris qui nous intéressent, The age of innocence (VO) - Le temps de l'innocence (VF) - et Hugo (VO), Hugo Cabret (VF), nous reviendrons sur ses expériences avec la France et le cinéma français.
Les nerfs à vif :
Le contact incontestablement le plus rude entre Martin Scorsese et la France (et c'est pour cela que nous avons voulu évoquer d'emblée cet épisode) fut la conséquence de la polémique qui surgit, tout d'abord aux États Unis puis, de manière générale, lors de l'apparition sur les écrans de La dernière tentation du Christ, en 1988.
La campagne contre le film fut extrêmement violente, avec manifestations, pétitions, occupations de salles le projetant, menaces à l'encontre des exploitants...
En France, c'est à Paris que cette violence culmina : après d'autres attentats, dans la nuit du 22 au 23 octobre 1988, un incendie criminel éclata à l'Espace Saint Michel (rare salle à projeter encore le film), au Quartier Latin. Le bilan fut lourd : 14 blessés, dont 4 grièvement. Quant à la salle, elle ne put rouvrir qu'après 3 ans de travaux.
On imagine bien que pour Scorsese, ce rejet de son œuvre ne pouvait qu'être dramatique.
De nos jours, le cinéma Espace Saint Michel a retrouvé sa superbe façade, donnant directement sur la place du même nom. |
Autour de Minuit :
Fort heureusement, les rapports de Martin Scorsese avec la France, avec le cinéma français avaient débuté sous d'autres auspices : il y avait eu, bien évidemment, tout d'abord, sa Palme d'Or, remportée à Cannes, en 1976, pour Taxi Driver.
Puis, ayant permis à Bertrand Tavernier de rencontrer le producteur Irwin Winkler au cours d'un déjeuner, en 1983, il fut adoubé parrain du film Autour de Minuit que Tavernier, à l'aide d'un co-financement de la Warner, put réaliser en 1986.
Tavernier confia à Scorsese un petit rôle de tenancier de boîte de jazz, Goodley. Celui-ci prononçait, en particulier, un vibrant hommage de New York.
Tavernier confia à Scorsese un petit rôle de tenancier de boîte de jazz, Goodley. Celui-ci prononçait, en particulier, un vibrant hommage de New York.
Mais, entre Scorsese et la France, Scorsese et Paris, il ne s'agissait jusque-là que de contacts indirects : avec un pays revendiquant (même avec excès) son héritage catholique (ce qui ne pouvait laisser indifférent un homme qui avait songé à la prêtrise) et en tant qu'acteur (lui qui est, avant tout, cinéaste).
Filmer à Paris, c'était une autre expérience.
Filmer à Paris, c'était une autre expérience.
LE TEMPS DE L'INNOCENCE (VF), THE AGE OF INNOCENCE (VO)
Une Américaine à Paris :
Avec Le temps de l'innocence, Scorsese adapte une œuvre d'Edith Wharton, roman pour lequel la romancière fut la première femme à recevoir le prix Pulitzer, en 1921.
Le porche du 53, rue de Varenne. Edith Wharton habita à cette adresse de 1910 à 1920. |
Le film de Scorsese, tourné en 1992 (et sorti sur les écrans en 1993) est la troisième adaptation du roman (une première version muette sort en 1924, puis, en 1934, Irène Dunne joue le rôle d'Ellen dans un film de Philip Moeller.)
Le film de Martin Scorsese a été diversement reçu et, contrairement à l'usage, ce sont plutôt les lecteurs du roman qui ont goûté son adaptation.
Un des reproches essentiels est qu'il s'agit d'un film "en costumes" (sous entendu : historique et empesé, voire académique).
Notons rapidement que Gabriella Pescucci, la costumière, a reçu un Oscar pour son travail de restitution des costumes et revenons, avant même d'évoquer le film, au roman éponyme d'Edith Wharton.
Il s'agit d'un roman historique que Wharton rédige en 1920, alors qu'elle est durablement installée en France, dont elle situe le début de l'intrigue dans le New York des années 1870 et le dénouement dans le Paris des années 1900 : aucune infidélité, donc, dans ce domaine, de la part du réalisateur.
Autre reproche : l'utilisation de la voix off (procédé que Scorsese avait utilisé, entre autres, pour Les affranchis, sans encourir la moindre critique) : mais, là encore, si l'on se reporte au roman, l'histoire est racontée par un narrateur extérieur... Alors, alors ?
En réalité, c'est l'intrigue imaginée par Edith Wharton (et que Scorsese a respectée) qui a déplu.
L'histoire racontée est celle de Newland Archer, jeune homme de la bonne société, sur le point d'épouser Mary Welland, en tout point conforme aux canons attendus dans ce microcosme, qui revoit la cousine de celle-ci. Ellen Olenska revient au sein de sa famille, après avoir fui un époux européen titré et riche mais déplaisant.
Newland et Ellen, qui se sont connus dans leur enfance, sont très vite attirés l'un par l'autre et, en particulier, Archer réalise auprès d'Ellen, si différente des autres femmes, combien ces dernières sont formatées.
Mais, pour de multiples raisons (respect des conventions, de la bienséance, et, surtout, pression de la société), Newland épouse May, avec laquelle il aura trois enfants et dont il demeurera veuf et Ellen retourne vivre en Europe, sans, toutefois, revenir chez son mari.
Paris dans le film de Scorsese :
La ville est tout d'abord évoquée comme un des lieux obligés du "Voyage de noces en Europe", à l'instar de Londres. Les deux villes sont suggérées, telles de purs décors, par quelques cartes postales évoquant les lieux emblématiques.
Mais Paris étant la capitale romantique par excellence, la première partie du film, et le voyage de noces de Newland et de May, se conclut par un sublime plan nocturne du Panthéon, aperçu depuis une calèche venant du Quai d'Orléans. Ce plan signe la fin des illusions de Newland : dans cette partie du film, Paris n'est qu'un rêve.
La ville devient un lieu essentiel, lors du dénouement, soit, environ, trente ans plus tard.
1h11 : Le couple profite de son voyage de noces à Paris. Leur calèche se trouve Quai d'Orléans. |
1h12 : La calèche du couple émerge de la nuit... |
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L'aîné des enfants de May et Newland, Dallas, sur le point de se marier à son tour, propose à son père de l'accompagner pour un voyage qu'il doit effectuer en Europe, dernière occasion de se retrouver seuls tous les deux.
La première étape prévue est Paris, ville dans laquelle Ellen, dont Archer n'a plus eu de nouvelles, s'est installée.
Le père et son fils descendent au Bristol.
Tandis que Dallas va visiter Versailles, Newland préfère se rendre au Louvre et, au moment de se fixer rendez-vous, plus tard, Dallas annonce à son père qu'ils sont attendus pour le thé, chez Ellen (la fiancée du jeune homme a, en effet, été protégée par madame Olenska, lors de son séjour parisien). Dans le film, c'est devant la toile de Rubens L'apothéose de Henri IV et la proclamation de la régence de la reine, dans la galerie Médicis, qu'Archer réalise qu'il n'a, somme toute, que 57 ans et que sa vie n'est pas finie.
La scène décrite ci-dessus se déroule à 2h07 du film. |
L'apothéose de Henri IV et la proclamation de la régence de la reine, tableau habituellement visible au Louvre, dans la Galerie Médicis (Source photo Le Louvre). |
La Galerie Médicis étant actuellement fermée pour travaux, il ne nous a donc pas été possible de reproduire les vues du film, vous devrez vous contenter d'une photo trouvée sur le site du Louvre. |
Newland et Dallas se promènent devant le Bassin Octogonal du jardin. |
Pluie sur le Jardin des Tuileries. |
Ce que May s'est bien gardée de dire à Dallas c'est que c'est elle qui a poussé Ellen à quitter New-York en annonçant à cette dernière une grossesse avant même sa réalité et en organisant un dîner d'adieu qui était le signe de sa victoire sur une rivale trop séduisante.
Cette découverte, dans un jardin parisien, forme un contraste absolu avec l'univers étouffant des intérieurs new yorkais dans lesquels les personnages ont évolué, pour l'essentiel de leur vie.
Nous tournons le dos au musée de l'Orangerie et faisons face au Jardin des Tuileries. |
La modification topographique essentielle du film par rapport au roman a lieu lors de la toute dernière scène : dans le teste de Wharton, Ellen vit dans une des avenues qui mènent à l'Esplanade des Invalides et, en allant jusque chez elle, Newland et Dallas s'arrêtent, saisis par le spectacle du Dôme des Invalides, dans le soleil de fin de journée.
Le Dôme des Invalides, au début du siècle dernier. |
Si le Dôme des Invalides reste immuable, la place Vauban, qui lui fait face, a été largement réaménagée. |
Or, le film de Scorsese, lui, s'achève sur la ravissante petite place Furstenberg.
Comme dans le roman, Newland ne monte pas chez Ellen.
Mais, dans le roman, c'est l'ultime résignation de Newland, pour lequel il est désormais trop tard.
L'action se déroule à 2h09 de film. |
La rue de Furstemberg. |
Newland arrive place Place Furstemberg, via la rue du même nom. |
Notons que l'arbre au premier plan s'est bien développé ces 31 dernières années ! |
La fenêtre, du côté du Musée national Eugène-Delacroix, reste désespérément close. |
Chez Scorsese, la contemplation des fenêtres que Dallas lui a désignées comme étant celles d'Ellen, permet à Newland de se souvenir d'un moment, au soleil couchant, où Ellen ne s'était pas retournée pour l'accueillir et où il s'était éloigné.
A présent, sur cette petite place, devant ces fenêtres frappées par le soleil, Newland crée un faux souvenir, avec l'image d'Ellen se retournant pour l'accueillir. Il crée délibérément l'illusion d'un moment fusionnel qui n'a jamais eu lieu.
2h12 : Newland quitte la Place Furstemberg, sans un regard en arrière. |
Le Paris de Scorsese, dans Le temps de l'innocence, est le lieu d'un amour rêvé jusqu'au bout : c'est bien la ville des amoureux et des artistes, fussent-ils simplement recréateurs de leur propre destin.
HUGO CABRET (VF) HUGO (VO) ou Dickens chez Méliès :
A l'exception de scènes tournées en studio (studios Shepperton et Longcross, en Grande Bretagne), le deuxième film parisien de Martin Scorsese est encore plus atypique de sa filmographie, s'il se peut, que Le temps de l'innocence : en effet, il s'agit d'un film pour enfants.
Il a d'ailleurs été adapté d'un roman graphique de Brian Selznick The invention of Hugo Cabret, livre couvert de prix (dont la Caldecott Medal en 2008 qui couronne l'illustrateur du meilleur livre américain pour enfant, de l'année.)
Le réalisateur s'est longuement exprimé sur son désir d'adapter l'ouvrage pour grand écran, proclamant à longueur d'interview que sa fille, alors âgée d'une dizaine d'années, lui avait demandé de tourner un film "qu'un enfant puisse regarder".
Ce film, dont l'action se situe dans le Paris des années 1930 raconte l'histoire d'un jeune garçon, Hugo Cabret, devenu orphelin à la mort de son père. Recueilli par un oncle alcoolique, il effectue le travail de ce dernier : remonter et entretenir les pendules de la Gare Montparnasse. A la disparition de son oncle, son travail clandestin lui permet de continuer à vivre dans la gare.
Il se consacre, surtout, à des essais de réparation d'un automate que son père voulait restaurer, en étudiant notes et croquis consignés par celui-ci dans un carnet. Hugo est persuadé qu'en réparant l'automate, il découvrira l'ultime message de son père.
Pour survivre et ajouter des pièces manquantes à l'automate, il commet de petits larcins dans la gare. Mais un vieux monsieur, qui tient un kiosque à jouets, dans dans cette même gare, le surprend et confisque son précieux carnet.
Hugo fait la connaissance de la filleule de ce dernier, Isabelle, orpheline, tout comme lui.
Il s'avère qu'elle a en sa possession une clef qui permet à l'automate de fonctionner. Hugo avait raison : l'automate reproduit le message attendu. C'est un dessin d'un film de Georges Méliès. Dès lors, Hugo et Isabelle se lancent dans une recherche du Paris de Georges Méliès.
Le début du film de Scorsese est un récit à la Dickens avec des orphelins auxquels le spectateur s'attache, des méchants pas si méchants que cela, une Quête à mener et des obstacles à surmonter.
Mais, surtout, ce film est une formidable déclaration d'amour au cinéma.
Bien évidemment, le cinéma de Georges Méliès est mis à l'honneur, ainsi que celui d'autres cinéastes du muet : les frères Lumière ou Harold Lloyd.
Les citations cinéphiliques abondent : ainsi, le personnage du policier de la gare, interprété par Sacha Baron Cohen, évoque le Von Stroheim de La grande illusion, film cité par les chansons "Frou-frou" et "Marguerite".
Deux scènes sont la copie de La bête humaine : tribut rendu aussi bien à Jean Gabin qu'à Jean Renoir.
Avant de suivre le parcours d'Hugo et d'Isabelle sur les traces parisiennes de Georges Méliès, signalons la spectaculaire reconstitution (bien évidemment en studio, par Rob Legato et l'équipe des effets spéciaux) de l'accident survenu en Gare Montparnasse le 22 octobre 1895, au cours duquel une locomotive bascula dans le vide, à l'extérieur de la gare, le convoi n°56 n'ayant pu s'arrêter.
Photo d'époque de l'incroyable accident de 1895. |
L'histoire de la Gare Montparnasse est fort tumultueuse, à tel point qu'elle n'a plus rien de commun avec celle connue par Georges Méliès. Sa façade de verre actuelle date de 1990. |
Le tournage parisien de Hugo Cabret s'est déroulé entre le 16 et le 25 août 2010 et les scènes ont essentiellement été tournées dans les 5ème et 9ème arrondissements.
0h01 : La Gare Montparnasse que Scorsese fait créer en studio s'inspire de plusieurs éléments de l'architecture parisienne. |
0h13 : Hugo Cabret, poussé par la nécessité (en l'occurrence, récupérer son carnet) abandonne provisoirement son refuge ferroviaire. |
La façade, elle, est clairement une reproduction de celle de la Gare du Nord. |
L'image iconique du long métrage ! Poursuivi par le policier de la gare, Hugo tentera, à la fin du film, de se cacher à l'extérieur de l'horloge. |
Le beffroi de la Gare de Lyon est le deuxième élément dont Scorsese s'est inspiré pour sa gare. |
1h43 : Hugo se réfugie dans ce beffroi. |
Le troisième élément composite de la gare imaginée par Scorsese est inspiré de la pendule du Musée d'Orsay (ancienne Gare d'Orsay). Photo © Nicolas F. |
0h13 : Hugo suit "Papa Georges" dans un Paris nocturne et fantomatique. |
Bien que largement réinterprété, on reconnaît cependant l'escalier qui permet de se rendre de la Gare de l'Est à la Gare du Nord, rue d'Alsace. |
0h14 : Curieux d'en apprendre davantage sur le vieux marchand, Hugo le suit jusque chez lui. |
Nouvel exemple de la sublimation de la réalité par Scorsese : la rue où se trouve Hugo, supposément le boulevard Saint Martin, n'a absolument rien de commun avec le film ! |
"Papa Georges" est, en réalité, le génial cinéaste Georges Méliès. Son lieu de naissance, le 29 boulevard Saint Martin, porte, désormais, une plaque commémorative. |
0h22 : L'enterrement du père d'Hugo est évoqué, dans une séquence en flashback, qui souligne la tristesse de l'orphelin et l'indifférence de son oncle. |
La scène précédente a, très probablement, été tournée en studio. Mais elle nous a donné l'envie de nous rendre au cimetière du Père Lachaise, sur la tombe de Georges Méliès, avec sa sépulture totalement rénovée, depuis octobre 2022, après une levée de fonds. |
0h38 : Par la magie du cinéma, Scorsese a transformé le fronton du théâtre Athénée-Louis Jouvet en fronton de salle de cinéma. |
Le théâtre Athénée-Louis Jouvet a été inauguré en 1896 et classé monument historique en 1995. |
A présent, le théâtre Athénée-Louis Jouvet a repris son apparence habituelle, avec les programmes des représentations futures. |
0h38 : Le duo d'amis en arrêt devant le cinéma. |
On peut admirer la manière dont le cinéaste avait littéralement remodelé le Square de l’Opéra-Louis Jouvet, ajoutant de la neige artificielle pour renforcer son propos dramatique. |
0h38 : Le regard complice entre Hugo et Isabelle montre la progression de leur amitié. |
Au centre du Square de l’Opéra-Louis Jouvet trône une statue équestre Le Poète chevauchant Pégase réalisée par Alexandre Falguière et érigée en 1897. |
Les affiches de l'image précédente n'étaient, bien évidemment, que décoratives, car le théâtre est, en réalité, fort éloigné du carrefour de la rue Bruno Coquatrix et de la place Edouard VII. |
0h38 : Isabelle et Hugo entrent clandestinement dans la salle de cinéma. |
La porte à l'angle de la rue Bruno Coquatrix et de la place Edouard VII ne correspond bien évidemment pas à la sortie du cinéma ! |
0h39 : Les petits fraudeurs ont été expulsés manu militari du cinéma ! |
La perspective du Square de l’Opéra-Louis Jouvet. |
0h40 : Scorsese fait parcourir à ses héros, sur les traces de Georges Méliès et de l'histoire du cinéma, un Paris emblématique, dans lequel figure, bien évidemment, la cathédrale Notre Dame. |
Balafrée depuis l'incendie de 2019, la cathédrale reprend progressivement sa toiture et sa majestueuse flèche (pour la plus grande joie des Parisiens). Nous avons considéré que le meilleur angle de vue pour la reproduction de la scène était depuis le Pont de l'Archevêché. |
0h46 : Hugo et Isabelle, émerveillés, voient l'automate s'animer et, enfin, dessiner. |
L'un des automates du film, offert par Scorsese à la Cinémathèque Française y est toujours exposé. |
1h06 : Pour comprendre ce que l'automate a dessiné, Hugo et Isabelle se rendent à la Bibliothèque de l'Académie du Cinéma. Dans la réalité, cette scène a été tournée dans la Bibliothèque Sainte Geneviève, au cœur du Quartier Latin. |
1h06 : Le duo d'amis sait où trouver les informations dont il a besoin. |
La Bibliothèque Sainte Geneviève tient son nom et ses collections d'une des plus anciennes abbayes de Paris. |
1h07 : Les films de Méliès apparaissent sur le plafond de la bibliothéque. |
1h22 : Pendant ce temps, le cadavre de l'oncle de Hugo est découvert, près du Pont Neuf. |
Ignorant qu'un cadavre a été découvert, touristes et Parisiens profitent des beaux jours, Quai des Grands Augustins. |
Aprés en avoir montré sa façade, le film nous fait pénétrer, à présent, à l'intérieur du Théâtre de l'Athénée Louis Jouvet. (Source photo : Operaonline) |
1h49 : La fin du film évoque le triomphe de Georges Méliès, lors d'une cérémonie en présence de tous les protagonistes du récit. |
La scène a été tournée au Grand Amphithéâtre de la Sorbonne. La fresque de Puvis de Chavannes, Bois Sacré, apparaît nettement. Dans la réalité, il y eut bien un gala organisé en l'honneur de Georges Méliès, alors oublié en tant que cinéaste et devenu vendeur de jouets dans la Gare Montparnasse. Ce gala, de décembre 1929, eut lieu, quant à lui, salle Pleyel. (Source photo : LettresSorbonneUniversité) |
1h49 : Le public écoute attentivement le discours du présentateur, en attendant la représentation. |
Le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne. |
Hugo Cabret permet à Scorsese d'aborder deux de ses thèmes de prédilection : celui de la filiation (qu'elle soit physique ou morale) et, plus encore que dans Aviator, son amour du cinéma.
Scorsese reconstitue ainsi des scènes du Royaume des fées, utilise la 3D, comme un procédé moderne qui fait écho aux inventions de Méliès.
Le film insiste aussi sur l'indispensable travail de conservation du patrimoine cinématographique, ce à quoi le cinéaste s'est attelé avec la création de The Film Foundation, depuis 1990.
Les deux films qui nous ont permis de suivre le cinéma de Martin Scorsese dans la Ville-Lumière ont chacun, nous l'avons signalé, été considérés comme atypiques de son cinéma.
Le premier, Le temps de l'innocence, parce que la violence n'y est jamais physique, brute, mais essentiellement sociale, morale et parce qu'on suit un couple dont le désir physique ne pourra jamais se réaliser et dont l'amour est d'autant plus intense.
Le second, Hugo Cabret, parce qu'il met en scène deux enfants et, règle quasi obligée pour un film s'adressant à un jeune public, connaît un dénouement heureux - ce qui est, on l'admettra, exceptionnel dans un film de Scorsese.
Peut-on établir un lien entre ces écarts par rapport à ses autres films et le fait que Scorsese ait fait de Paris un élément essentiel de ces deux opus ?
La tragédie d'un amour sublimé parce que jamais concrétisé et le récit d'une enfance malheureuse sauvée par le cinéma pouvaient-ils se concevoir ailleurs qu'à Paris, ville qui n'est pas celle à laquelle on associe d'emblée ce cinéaste, mais ville dont la magie peut s'exercer sur tous, fût-ce sur un cinéaste new-yorkais de la violence ?
Paris, Paris, la Ville-Lumière réinventée par Scorsese. |