jeudi 12 septembre 2019

"LA TRAVERSÉE DE PARIS" de Claude Autant-Lara (1956)






Film culte s'il en est "La traversée de Paris", bien que portant sur une période particulièrement sombre de l’histoire de France (la vie des Parisiens sous l’occupation nazie) rencontra un très grand succès populaire à sa sortie. Le film compte moult répliques marquantes (dont le fameux « salauds de pauvres » - Audiard co-signe le scénario) et il contribuera notamment à installer Bourvil en tant qu’acteur majeur de l’après-guerre.
Le film raconte le parcours mouvementé et nocturne de Marcel Martin (Bourvil) et Grandgil (Gabin) transportant sous le manteau un cochon dépecé destiné au marché noir.


Notons que cette "traversée de Paris" sera malgré tout très relative car le duo d’acteur ne parcourra que 6 kilomètres (et non pas 8 comme le dit Grandgil dans le film) partant du 5ème arrondissement jusqu’au 18ème.
Par ailleurs le film a été tourné quasiment intégralement en studio (comme c’était souvent le cas des films de cette époque, contrôle artistique et lourdeur du matériel cinématographique obligent). Ainsi donc ce long métrage n’aurait aucune raison de figurer dans ce blog sans le talent du chef décorateur, Max Douy, qui a reconstitué des quartiers entiers de Paris en studio avec un réalisme saisissant (même si parfois certaines perspectives sont volontairement forcées).


Bref ne tergiversons pas davantage, mettez-vos chaussures de randonnée et mettons nous en marche pour cette traversée de la capitale.

(Toutes les captures d'écran ici présentées sont la propriété de Continental Produzione et 
Franco-London Films)




Le film commence sur des images d'archive montrant Paris occupé et les chars allemands défilant sur les Champs Elysées.
Peu de changement de nos jours, seuls les chars ont disparu des Champs Elysées.

0h01 : Le générique se poursuit avec les troupes du 3ème Reich faisant du tourisme.
S'il y a toujours des Allemands sur les marches du Sacré-cœur ce ne sont cette fois que des touristes !

0h01 : Générique suite avec une image de la sinistre Kommandantur.
Inimaginable aujourd'hui, la Kommandantur se trouvait sur la place de l'Opéra là où se trouve actuellement la BNP.

J'en profite pour faire une parenthèse dans cet article avec une photo de l'exposition "Le Juif et la France" qui se tenait entre 1941 et 1942 et organisée par la propagande nazie. 

De nos jours finie la propagande (quoique) mais -à nouveau- une agence BNP !

0h01 : Générique toujours avec la place de l'Opéra encombrée par des panneaux indicateurs écrits en Allemand!
L'Opéra Garnier dans toute sa splendeur. (Source photo Wikipedia Pierre rivera)

0h02 : Générique encore avec un soldat allemand passant devant une station de métro.
La station Mabillon de nos jours.

Générique fin, avec un gros plan d'un panneau indicateur précisant que le métro fait office de refuge en cas de bombardement.
Le métro n'est désormais plus un refuge !

0h02 : Le film commence avec une nouvelle station de métro.
Une publicité a pris la place du précédent plan de métro à la station Saint Marcel.

0h02 : Marcel Martin (Bourvil) chauffeur de taxi au chômage, sort du métro accompagné de sa femme, Mariette.
Aucun changement en perspective à la station Saint Marcel.

0h03 : Un fermier accompagné de sa vache demande son chemin à Marcel.
La vache a disparu au métro Saint Marcel, remplacée avantageusement par une trottinette !


0h03 : File d'attente devant un magasin... vide !
Le magasin a désormais fermé ses portes (et depuis fort longtemps semble t-il) au 13 rue de Poliveau dans le 5ème arrondissement.


0h04 : Marcel Martin, avec son accordéon rangé dans un étui, pousse la porte de l'immeuble d'un certain Jambier...
Le porche en lui même a peu changé, je n'en dirais pas autant du reste de la rue qui a été presque totalement démoli et reconstruit durant ces 60 dernières années. A noter que contrairement à ce qu'hurlera Gambin plus tard dans le film, nous sommes bien au  13 rue de Poliveau et non pas au 45 !
0h04 : Bourvil s’apprête à franchir la porte de Jambier sur la droite.


Le hall du 13 rue de Poliveau de nos jours.

Petit détail amusant : devant la fenêtre (fermée) de cette adresse les habitants ont déposé ces petits mots... Je n'étais manifestement pas le premier à venir ici (et à avoir envie de crier Jaaambiiiiier !!!)

0h07 : Après avoir aidé Monsieur Jambier à égorger son cochon, Marcel se rend avec sa femme au bar "La descente de la marine".
Désormais plus de bar au 257 rue de Bercy, mais un concessionnaire Mercedes-Benz !


0h07 : Le couple est supposé retrouver un associé habituel de Marcel. Malheureusement il a été arrêté par la Police! Bourvil doit trouver un nouveau partenaire pour sa prochaine livraison...
Le bar a été remplacé, mais je peux au moins vous en présenter la devanture.


0h26 : Après une rencontre pour le moins mouvementée avec Jambier, Martin et Grandgil entament leur traversée de Paris...
Le duo tourne le dos au 13 rue de Poliveau et se dirige vers le boulevard de l’Hôpital.


0h26 : Première étape de leur périple, les deux protagonistes s'engagent sous un tunnel...
En guise de tunnel nos sommes sous la ligne de métro numéro 5 (aérienne dans cette partie), le boulevard de l’Hôpital est sur la droite de la photo.

0h28 : Martin est fortement inquiété par les cris des loups émanant du Jardin des plantes...
De nos jours il n'y a probablement plus de loup derrière les grilles du Jardin des plantes !

0h30 : Les deux passeurs, afin d'éviter les contrôles de Police, vont se réfugier dans le premier bar venu...
Après avoir quitté le boulevard de l’Hôpital et longé le Quai Saint-Bernard, ils se trouvent à présent sur le Pont de Sully.


0h39 : Martin et Grandgil après avoir insulté ces "salauds de pauvres" se remettent en marche...
Le Pont de Sully (c'est écrit dessus).

0h50 : Martin et Grandgil courent se cacher à l'approche d'une patrouille allemande. 
Le tandem a bien crapahuté depuis la scéne précédente et on les retrouve bien plus au nord, au croisement de la rue d'Aumale et Saint-Georges, dans le 9ème arrondissement. On voit bien sur cette photo que ce carrefour n'a servi que "d'inspiration" au chef décorateur du film car l'angle du bâtiment est bien moins obtus dans la réalité.

0h51 : Une passante, les confondant avec des résistants, leur offre refuge dans le hall de son immeuble.
Cette scéne, bien que tournée en studio, est supposée se passer ici, au 47 rue Saint Georges.



0h52 : Alors que Martin et Grandgil continuent leur périple les sirènes anti-bombardement retentissent !
Nous sommes ici Place Saint Georges dans le 9ème.


0h52 : Parisiens et soldats allemands sortent de l'abri après l'alarme.
L'ancien abri n'est autre que le métro Saint Georges.



0h53 : Le duo dépasse la place et se hâte d'atteindre l'appartement de Grandgil.
Une agence immobilière occupe l'angle de la place Saint Georges.


0h53 : On active le mouvement !
La place Saint Georges, suite et fin.



0h53 : Le tandem tourne à la première à droite...
Petite surprise, en réalité la rue emprunté n'est pas la 1ère rue, mais la seconde à droite ! Nous sommes ici rue Clauzel.


0h53 : Ils atteignent finalement l'appartement de Grandgil.
L'appartement en question se trouve à l'emplacement de la porte marron au 29 rue Clauzel.


1h00 : Aprés moult péripéties Gabin et Bourvil atteignent finalement leur destination : la boutique de Marchandot situé rue Lepic.
Comme on peut aisément le deviner, l'image précédente n'est qu'un décor (de toute beauté au passage) reconstitué en studio. Aucun endroit de la rue Lepic ne semble vraiment correspondre à la scéne du film. Certains sites internet localisent le magasin de Marchandot au croisement de la rue Lepic et de la rue des Abbesses. Cependant je préfère penser qu'il se trouvait au croisement des rues Lepic et Tholozé.



1h10 : Grandgil et Martin ont finalement été arrêtés par les Allemands et conduits à la kommandantur...
Si l'on en croit la page Wikipedia consacrée au film, cette scéne aurait été tournée au musée Jacquemart-André. Cependant nous allons voir que cette théorie n'est peut-etre pas tout à fait exacte...


1h13 : Les deux compères sont expulsés sans ménagement.


...seul problème comme on peut le voir sur les photos, l'escalier ne tourne qu'une fois sur lui même, alors qu'ici il tourne deux fois. De plus la partie supérieure de l'escalier ne correspond pas non plus à ce que l'on voit à l'écran. Moralité : il est fort probable que Wikipédia ainsi que les gardiens du musée Jacquemart-André (qui sont pourtant catégoriques) se soient trompés !

1h15 : Martin est finalement emmené par les Allemands au grand dam de Grandgil !
Le film s'inspire très librement du musée Jacquemart-André pour représenter l'entrée principale de la Kommandantur !

1h17 : Paris est libéré et c'est au tour des troupes alliées de défiler sur les Champs Elysées.
La place de la Concorde dans la perspective.


1h17 : Quelques années plus tard...
La gare de Lyon est toujours en place.


1h17 : Devant la gare de Lyon c'est le défilé permanent des taxis et des porteurs.
La verrière de la gare de Lyon.


1h18 : Grandgil après avoir visité le monde des pauvres (comme d'autres visitent le zoo) a repris son statut social de peintre célèbre et reconnu.
Bien que la gare de Lyon ait été très largement remaniée au fil du temps, les portes d’accès latérales sont toujours là.


1h19 : Grandgil flanqué de son porteur va prendre son train.
L'un des quais de la gare de Lyon. A noter que la sculpture au sommet de la colonne a disparu.


Grandgil a reconnu son porteur ! "Alors Martin toujours dans les valises ?" 
Résignation des uns et mépris des autres, tout est dit !







6 commentaires:

  1. Montage génial! merci. Je cherche des vues de l'appartement de Grandgil.... pas évident a trouver.

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    1. Merci à vous ! Hélas à mon avis les scènes de l'appartement de Grandgil ont été tournées en studio.

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  2. Beau travail. La beauté des images du film doit aussi au fait que beaucoup de scènes ont été tournées en studio. Sinon, bravo !

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  3. On a beau connaître le film en long, en large et en travers, on peine à se lasser. Le jeu consiste désormais à essayer de noter un détail jusqu'alors non aperçu. Evidemment, cela devient de plus en plus difficile.
    Quant aux scènes de studio (notamment rue Lepic), c'est légèrement dommage de privilégier le studio à la rue par elle-même. Les prises sur le vif, c'est-à-dire en décor réel, permettent ensuite de voir à quoi ressemblait un site à une époque donnée. Mais, bien entendu, personne n'est parfait...
    Merci à vous pour ces images.
    J'ai bien l'honneur.
    G.H.B.
    Merci à vous pour ces images.

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