jeudi 12 octobre 2017

"LE MAGNIFIQUE" de Philippe de Broca (1973)




Je ne suis pas nécessairement fan de la filmographie complète de Jean-Paul Belmondo (celle-ci ayant alterné le meilleur, mais aussi, hélas, bien souvent le pire).
Cependant un acteur ayant commencé dans le cinéma d'auteur le plus cérébral possible avant d'évoluer vers des comédies les plus déjantées possible est forcément remarquable !
Parmi ces dernières "Le Magnifique" est sans conteste mon film préféré.
Difficile de ne pas être touché par cette histoire d'écrivain un peu laissé-pour-compte qui se projette totalement dans ses romans, au point d'y inclure son patron (l'ignoble Karpov) ou sa jolie voisine de palier (la sensuelle Tatiana)...

Quoi qu'il en soit je vous propose une nouvelle fois de marcher sur les traces de ce film lors de ses scènes Parisiennes…

(Les captures d'écran présentées ici sont la propriété de Simar films, Les films Ariane et Mondex & cie)


4 minutes après le début du film un bateau file dans un étrange souterrain...
Le colonel Collins, après que l'un de ses hommes ait été dévoré vivant dans une cabine téléphonique par un requin (!), vient requérir l'aide du Général Pontaubert.
Ce mystérieux couloir prend naissance au Port de l'arsenal à coté de Bastille. Il relie le Canal Saint Martin à la Seine. Le film a été tourné dans sa partie souterraine (hélas inaccessible au public).

0h05 : Le général quitte son repaire sous terrain par une bouche d'égout.
La bouche d'égout existe bel et bien (même si elle ne mène à aucune base secrète). Elle se trouve place de la Concorde, juste devant l'entrée du jardin des Tuileries.

0h05 : Le général se rhabille après sa sortie des égouts.
Parfaitement raccord avec la scène précédente le Général se retrouve face à la place de la Concorde.

0h05 : Comprenant la gravité de la situation le général décide de faire appel à son meilleur agent : l'inénarrable Bob Saint-Clar !
La place de la Concorde en direction de la Madeleine.

0h06 : Le général joint au téléphone Bob Saint-Clar en mission à Bagdad.
En guise de Bagdad, Jean-Paul Belmondo est tout simplement dans la grande mosquée de Paris, située 2 bis place du puit de l'ermite.

0h06 : Donner un coup de fil, au sens premier du terme.

0h06 : "Très bien Général, j'expédie les affaires courantes et j'arrive."

Vue d'ensemble de la scène, dans la cour intérieure de la grande Mosquée de Paris.
La grande Mosquée de Paris vue de l'extérieur.

0h07 : A peine arrivée à l'aéroport Bob Saint-Clar doit déjà faire face à la mort de l'un de ses informateurs
La scène a été tournée dans l'un des terminaux bagages d'Orly.

0h19 : Transition entre le monde onirique de Bob Saint-Clar et celui, bien réel, de l'écrivain François Merlin : la femme de ménage passe l'aspirateur sur la plage avant de rentrer chez l'auteur !

0h24 : Nous découvrons le monde véritable de l'écrivain, loin de l'univers onirique de Bob Saint-Clar ! Modeste écrivain de romans d'espionnage James Bondiens, François Merlin observe, depuis sa fenêtre, sa très charmante voisine : Christine (alias Jacqueline Bisset).
L'appartement de Christine (contigu à celui de François) se trouve 17, de la rue des Tournelles.
Vue générale de la cour du 17, de la rue des Tournelles. Nous le verrons plus clairement dans les prochaines photos, mais Philippe de Broca a choisi, à l'époque, cet endroit pour son aspect délabré et vétuste (habitation crédible, pour un écrivain désargenté). De nos jours nous constatons, un "léger" changement d'atmosphére. Le lieu est bien plus coquet et cossu (pour ne pas dire chic !) Quoi qu'il en soit, de nos jours, impossible d'y loger sans avoir un solide compte en banque ! 

François rencontre finalement son égérie dans l'ascenseur ! Pas de chance elle l'ignore totalement...
Si je n'ai pas pu pénétrer dans l'immeuble, situé au 17, de la rue des Tournelles, j'ai néanmoins pu photographier le hall à travers la vitre. L'ascenseur qu'utilise Belmondo semble avoir disparu.

Le duo quitte l'immeuble dans une ambiance glaciale.
La cour du 17, de la rue des Tournelles vu depuis le porche de l'immeuble principal. 

0h24 : L'écrivain constate amèrement qu'il n'est pas Bob Saint-Clar : il ne peut pas rentrer dans sa voiture en sautant par dessus la portière !
Comme je le disais plus haut, la cour du 17, de la rue des Tournelles est nettement plus coquette de nos jours que dans les années 70. Notez qu'elle a été débarrassée de la construction en bois (un garage ?) où l'on pouvait deviner la présence incongrue d'une caravane !

0h25 Après avoir quitté son domicile François se rend chez son éditeur dans l'espoir d'obtenir une avance.
Place de la Bastille : un opéra a poussé depuis !

"Au niveau de la circulation : c'est pas la joie, c'est pas la joie"
La place de la Bastille par beau temps et sans embouteillage (la coïncidence de ces deux événements est assez exceptionnelle) !

0h40 : L'écrivain s'élance dans la cour de son immeuble à la poursuite des plombiers de passage (dans le but d'éblouir la belle Christine) !
C'était mieux avant au 17, de la rue des Tournelles ? Non pas du tout.

0h40 : François Merlin toujours à la poursuite des plombiers.
Difficile d'imaginer que la cour du 17, de la rue des Tournelles, autrefois délabrée, soit devenue un endroit très prisé !

0h40 : "Hep Messieurs attendez !"
0h40 : Que nenni ! Les plombiers sont déjà partis ! François Merlin repart dans l'autre sens...
La rue des Tournelles de nos jours. Fini le stationnement dans la rue !

0h44 : Christine découvre avec délectation l'univers de Bob Saint-Clar ! 
A noter que la 4éme de couverture indique la bonne année de naissance de Belmondo.
0h44 : On voit ici Bob Saint-Clar naviguant sur un canoé dans ce que l'on imagine être un torrent Canadien...
"Et Bob Saint-Clar pagayant comme un fauve échappe aux griffes de Karpoff !"
Petit écart au concept de mon blog consacré à Paris, uniquement pour le plaisir de signaler que Belmondo n'était ni en Alaska ni au Canada mais dans les gorges de l'Ardèche ! Pourquoi cherchez ailleurs l'exotisme...

0h56 : Retour à Paris où Christine se rend au CIS pour présenter son projet de thèse sur Bob Saint-Clar !


Au 41, rue Tournefort le CIS n'a jamais existé, mais par contre nous sommes bien dans une résidence universitaire ! Nous ne sommes pas tombés loin...

1h06 : L'éditeur Georges Charron a repéré sa proie ! Il poursuit Christine de ses assiduités.
41, rue Tournefort

"Pas de Chichi entre nous ! Déjeunons simplement à la Tour d'argent !"
Depuis le film la place devant le 41 rue Tournefort a totalement été remaniée.

La Miss n'ayant qu'une demi-heure pour déjeuner, pas de Tour d'argent mais le proche "restaurant Médico-social".
Et le destin a voulu qu'à cette adresse il y ait toujours un restaurant... administratif !

1h10 : François Merlin en a soupé de Bob Saint-Clar ! Il préfère jouer aux boulles !
En guise de terrain de boules l'écrivain à choisi le Jardin des plantes (dans le 5éme). A noter que durant ces 40 dernières années l'agencement du jardin a été totalement revu, le terrain de boule improvisé n'existe plus en tant que tel (ni aucun des autres endroits ci-dessous). J'ai choisi arbitrairement une vue approchante de celle du film.

1h10 : Christine tente de faire entendre raison à François : il doit continuer d'écrire les aventures de Bob Saint-Clar !
Le Jardin des plantes, suite...

"Quoi tu me traites de voleur ?"
Le Jardin (luxuriant) des Plantes, vu de l'autre coté.

1h11 : Une poursuite s'engage entre Christine et François !
Quand je vous disais que les parterres du Jardin des plantes avaient totalement changé !

1h11 : Vol plané pour Bébel !
De nos jours, les arbres ont envahi la pelouse !
A noter que le montage habile de Philippe de Broca laisse penser que toute la scène depuis le terrain de boules a été tournée en continu alors qu'il n'en est rien ! L'action a été filmée au quatre coins du Jardin des plantes !

1h12 : Excédée, Christine quitte le Jardin des plantes et tente d'arrêter un bus !
La sortie du Jardin des plantes au croisement des rues Cuvier et Linné.

1h12 : Un regard en arrière...
Le croisement des rues Cuvier et Linné.
...et Christine aperçoit François assis, tout penaud !
Comme dit plus haut, le réalisateur a sacrifié la réalité géographique du Jardin des plantes à l'esthétisme du film. Ainsi en se retournant sur elle même Christine ne verrait absolument pas cette perspective là ! Et pour cause il s'agit d'une autre sortie située à une centaine de mètres de la précédente.

1h12 : Finalement le couple se réconcilie sur les chaises du parc.

1h27 : François Merlin balance son roman à la tête de son éditeur !
(Notez la trace du nom d'une société aujourd'hui disparue qui s'affichait sur le balcon de l'écrivain)
Non seulement le nom de la société a disparu, mais le balcon, lui aussi, c'est envolé, ravalement oblige, au 17, de la rue des Tournelles.


Aucun rapport avec Paris mais peut-on imaginer une plus belle manière de terminer cet article ?





4 commentaires:

  1. Супер! Молодец!

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  2. Cet écrivain un peu paumé réussit quand même à se faire éditer (quand d'autres restent sur le bas-côté...), là n'est pas son moindre mérite. Ce film est aussi un moyen de comprendre, au second degré, par quel moyen d'association, l'écrivain peut créer ses personnages. La concierge ou l'épicier sont ainsi de bons modèles, pour ainsi dire des comédiens qui s'ignorent. Quant à Jean-Paul Belmondo, il convient de rappeler qu'après avoir brillé sur les écrans dans des rôles plutôt convenus (Le Professionnel, le Marginal, Le ceci, Le cela), il a su retrouver les sources vives du théâtre de ses débuts en incarnant notamment Kean (d'Alexandre Dumas) et le monumental Cyrano, qui, comme chacun le sait, est une prouesse de comédien lorsque l'on considère l'ampleur du texte. Pour cela, M. Belmondo mérite de figurer au Panthéon du Septième Art. Pour ce qui me concerne, j'ai apprécié JPB dans "Itinéraire d'un enfant gâté".
    Merci à vous pour ces images.
    J'ai bien l'honneur.
    G.H.B.

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