jeudi 15 octobre 2020

"BAISERS VOLES" de François Truffaut (1968)

"Baisers volés", réalisé en 1968, est le troisième film consacré au personnage d'Antoine Doinel (après "Les quatre cents coups" et "Antoine et Colette"). Peu de temps après le début du tournage du film (en février 1968) Henri Langlois, directeur de la Cinémathèque Française, est limogé par André Malraux (alors ministre de la Culture). Le tollé dans le milieu du cinéma est immédiat ! François Truffaut, en plein milieu de son tournage, monte au créneau et se voue corps et âme à la réabilitation de Langlois ! Sa double vie, celle de cinéaste et celle de militant, le conduit à manquer des projections des rushs du film, d’arriver en retard sur le plateau, d’improviser des scènes…

Contre toute attente le côté dilettante du réalisateur n’a pas nui au film, les acteurs ayant l’impression d’avoir une plus grande liberté et la pression habituelle des tournages étant totalement absente ! On retrouve cette atmosphère de légèreté aussi bien devant que derrière la caméra. 


0h00 : Le film commence avec son titre !

Nous sommes ici devant l'aile Est du Trocadero, juste à côté de l'ancienne Cinémathèque française.

0h01 : Le travelling d'introduction se termine à l'entrée de la Cinémathèque (avec une dédicace de Truffaut en surimpression). 
L'entrée de l'ancienne Cinémathèque (avant son déménagement, à la suite de l'incendie du Palais de Chaillot en 1997).

0h01 : Antoine Doinel se retrouve enfermé dans une geôle militaire pour cause de désertion.

Il s'agit de l'arrière de l'Ecole Militaire située à l'angle de l'avenue Duquesne et de l'avenue Lowendal. Truffaut ayant vécu une expérience similaire à celle d'Antoine Doinel (désertion en pleine guerre d'Indochine) il a peut-être lui même été enfermé au même endroit !

0h05 : Antoine a promis à ses amis d'infortune de faire l'amour à 17h tapante ! Il court pour honorer sa promesse...
La Place de Clichy de nos jours.

0h05 : Se hâtant toujours Antoine traverse la place... 
La Place de Clichy vue de l'autre côté.

0h06 : "Les prostituées c'est par où ?"
Nous sommes ici dans le passage Cardinet.

0h06 : Ready for action !
S'il y a toujours un hôtel au 28 passage Cardinet, les prostituées ont déserté le lieu au profit d'une clientèle plus select. L'hôtel Jouffroy a 3 étoiles ! Cependant si j'en juge par la porte blindée, cet hôtel est désormais fermé...
0h07 : Sa promesse honorée, Antoine s'empresse de rentrer chez lui.
Aucune grue n'étant disponible je me suis donc contenté d'une photo au ras-du-sol du boulevard Rochechouart.

0h07 : Antoine arrive à son domicile.
Le 36 boulevard Rochechouart.

0h11 : Antoine travaille comme réceptionniste de l'hôtel Alsina. 
L'hôtel Alsina, situé au 39 avenue Junot, a fermé ses portes en 1985. L'hôtel a été reconverti depuis en immeuble d'habitation. Si j'en crois Wikipedia, Edith Piaf y louait une chambre à l'année où elle recevait régulièrement son amant : Yves Montand ! Tant que nous sommes au rayon historique, signalons que le lieu a servi de décor en 1941 au film de Clouzot "L'assassin habite au 21"

0h14 : Antoine, occupé par ses taches quotidiennes ne voit pas venir deux visiteurs inhabituels...
L'esplanade devant le 39 avenue Junot.
0h14 : "Oups des clients !"
L'escalier menant à la rue Caulaincourt.

0h19 : Le détective privé ayant mauvaise conscience d'avoir créé un chômeur de plus, il propose donc à Antoine de rejoindre son agence !
Le bar "Les Cépages Montmartois", situé au 65 rue Caulaincourt, a entièrement été réaménagé depuis le film. L'intérieur est donc totalement méconnaissable. 

0h19 : Marché conclu ! Antoine sera désormais détective privé.
Depuis l'intérieur du bar "Les Cépages Montmartois".

0h19 : Première mission pour Antoine dans son nouveau boulot de détective privé !
Antoine se trouve avenue Trudaine, au niveau du numéro 21.

0h19 : Sa mission : suivre la dame à la robe noire !
Toujours la rue Trudaine, mais au niveau du numéro 41. A noter que, si le montage habile de Truffaut donne l'impression que le détective et sa proie sont à quelques mètres l'un de l'autre, en réalité ils sont séparés par un pâté de maison. 

0h19 : En pliant son journal, Antoine en a profité pour avancer de quelques mètres...
Jean-Pierre Léaud se trouve toujours au 41 avenue de Trudaine.

0h19 : Bondissant comme un fauve et rapide comme l'éclair, Antoine sort de sa cachette!
Alors non seulement suiveur et suivie sont éloignés l'un de l'autre, mais en plus JP vient de reculer puisqu'il se trouve maintenant au 29 avenue de Trudaine !

0h19 : "Bon où est-elle passée ?"
Antoine fait du sur place au 29 avenue de Trudaine.

0h20 : Plus discret tu meurs ! La filature selon Antoine Doinel.
Nous sommes maintenant au numéro 39 de l'avenue Trudaine. A noter que les arbres sont plus petits qu'au moment du film. Ils ont manifestement été coupés et replantés.

0h20 : "Ça y est, elle m'a semé !"
Le 43 avenue de Trudaine.

0h20 : L'apprenti détective a fait chou blanc : il a été repéré !
Changement radical de commerces à l'intersection de la rue des Martyrs et de la rue Victor Massé.

0h20 : Légère tension pour Antoine !
Changement complet d'agencement de la voirie puisque la Place Lino Ventura a été crée depuis le film.

0h20 : Antoine n'a que le choix de détaler comme un lapin pour ne pas se faire embarquer !
La rue Lallier depuis la place Lino Ventura.

0h20 : Christine Darbon (alias Claude Jade) rentre chez elle, sans remarquer qu'elle est suivie...
Ne cherchez plus la maison de Christine au 44 avenue Edouard Vaillant à Pantin ! Elle a été détruite depuis le film et remplacée par une école.

0h20 : Christine pénètre dans son jardin.
Si la maison a été rasée, les bâtiments qui lui font face sont toujours là ! On reconnait notamment le restaurant La Cirta au 59 avenue Edouard Vaillant.

0h29 : Antoine et sa fascination pour les femmes plus grandes que lui...
L'avenue de Ségur de nos jours.

0h30 : Antoine et l'un de ses collègues discutent de sexualité ! 
La station de métro Saint-François Xavier (Ligne 13).

0h30 : "Au début, triste, triste, mais après, hein, fantastique ! Les murs qui tremblaient et tout..."
 Le métro Saint-François Xavier, place André Tardieu.

0h30 : "Après la mort, faire l'amour, c'est une façon de compenser. On a besoin de se prouver qu'on existe."
Peu de changement de nos jours, si ce n'est le nom de la station qui a été gravé depuis le film.

0h34 : La nouvelle enquête d'Antoine le conduit sur les traces d'un prestidigitateur...
Le film ne montre pas de vue extérieure du cabaret, mais quoi qu'il en soit "Le Cheval d'Or" se trouvait ici même, au 33 rue Descartes ! Ouvert dans les années 50 le cabaret a vu passer d'illustres artistes tels que Raymond Devos, Boby Lapointe ou bien encore Joséphine Baker. Il fut définitivement fermé un an après le tournage du film, soit en 1969, pour laisser sa place à un restaurant plus conventionnel.

0h37 : Antoine a retrouvé la trace du magicien...
Il est amusant de constater qu'au 12 avenue de Laumière, l'arbre au premier plan a rétréci au lieu de grossir ! 
0h37 : Le magicien sort finalement de sa tanière...
La porte du 12 avenue de Laumière reste identique.

0h37 : Toujours aussi discret Antoine entame une nouvelle filature...
La façade du 10 avenue de Laumière a été totalement remaniée depuis le film.

0h37 : Le magicien rentre dans une banque.
La banque a laissé sa place à une Poste à l'angle de l'avenue de Laumière et de la rue André Dubois.

0h38 : Antoine guette sa proie depuis l'autre côté de la rue.
Changement total de perspective à l'angle de la rue André Dubois.


0h39 : Antoine tente de se faire pardonner d'avoir laissé en plan Christine en plein milieu du repas.
Fictive ou non la cabine téléphonique a disparu à l'angle de l'avenue de Laumière et de la rue André Dubois.

0h40 : Antoine regarde un policier verbaliser une voiture garée en double file.
Désormais plus personne n'ose se garer devant le 9 avenue Laumière !

0h40 : "Ne mettez pas ça sur mon parebrise, c'est sale !" La punchline qui fait hurler de rire Antoine !

0h47 : Antoine rencontre un ami "taxeur".
Les escaliers de la rue Juste Métivier.

0h54 : "Les gens ne m'aiment pas, je veux savoir pourquoi" La nouvelle mission d'Antoine : enquêter dans un magasin de chaussures.
Pour un magasin de chaussures, quoi de mieux que se trouver 1 rue de la Pompe ? Quoi qu'il en soit le lieu est méconnaissable de nos jours. Selon un commentaire en bas de cet article, la boutique Maralex aurait déménagé et se trouvait initialement au 87 av de Wagram (dont la configuration générale ressemble, en effet, davantage à celle du film).

0h55 : Discussion au sommet entre Antoine et Christine !
L'Esplanade du Souvenir Français, juste devant les Invalides.

0h56 : Le couple est suivi à son insu par le mystérieux homme en imperméable.
Si l'Esplanade reste identique, on remarquera que les bâtiments sur la gauche ont changé.

1h10 : "La différence entre la politesse et le tact" expliquée par voie épistolaire. 
Bien que l'on puisse clairement lire l'adresse de Fabienne Tabard sur l'enveloppe, son domicile n'apparaît pourtant jamais à l'écran. Et pour cause ! Michael Lonsdale a prêté son propre appartement pour le tournage des scènes intérieures ! Moralité, l'appartement de Monsieur et Madame Tabard se trouve place Vauban, à côté des Invalides (et non pas au 82 rue de Courcelles).


1h10 : Le jour se lève sur une rue du Sacré-Cœur …
La Place Saint-Pierre faisant face au Sacré-Cœur. 

1h10 : Le travelling se termine sur l'appartement d'Antoine, au dernier étage.
L'immeuble du 15 place Saint-Pierre paraissait bien délabré en 1968. Désormais, il est tout à fait coquet (et probablement hors de prix).

1h15 : Christine a la mauvaise idée de venir chez Antoine alors que celui-ci reçoit la visite de Mme Tabard...
Le Sacré-Cœur toujours égal à lui-même.

1h17 : Contre toute attente, l'un des détectives privés subit une crise cardiaque et le voilà parti pour l'au-delà...
Cette scéne a été tournée dans le Cimetière des Lilas, au 47 rue de l'Egalité. A noter qu'on ne reconnait que la tombe à l'angle. Toutes les autres ont été détruites. Comme quoi, même dans la mort, rien n'est éternel. 
1h17 : Antoine s'isole après l'enterrement. 
Je n'ai pu identifier la localisation exacte de cette scène que grâce à la tombe en fer forgé ! Pour le reste, la plupart des pierres tombales sont différentes.

1h17 : Antoine décide de se consoler, à la sortie de l'enterrement de son collégue, entre les bras d'une prostituée.
De nos jours, les professionnelles n'officient plus derriére le cimetière des Lilas !

1h18 : Lucien Darbon rentre chez lui. Il est sur le point de faire une rencontre percutante...
Le croisement des rues Caulaincourt, Damrémont et Joseph de Maistre, devant le Cimetière de Montmartre.

1h18 : Le beau-fils vient de cartonner le beau-père !
Nous voyons ici le mur du Cimetière Montmartre.

1h24 : Promenade romantique pour le couple, après la demande en mariage d'Antoine.
Nous sommes revenus sur L'Esplanade du souvenir français (au niveau du16 avenue de Breteuil).

1h24 : Promenade muette.
La perspective de L'Esplanade du souvenir français.

1h24 : Le couple atteint son but : le banc le plus proche !
Le banc est toujours en place (quoique de couleur différente) au niveau du 14 avenue de Breteuil.

1h24 : Discussion au sommet : mouchoir en tissu versus mouchoir en papier.

1h24 : Le mystérieux homme à l'imperméable apparait soudainement.

1h25 : Déclaration d'amour inattendue !

1h26 : Pour le moins étonné, le couple quitte son banc...

1h26 : ...le couple s'éloigne dans le lointain et marche vers son destin !
Notez que les deux arbres au premier plan ont été déracinés et remplacés par des arbres plus petits depuis le film.





10 commentaires:

  1. Salut Patrick, c'est fou. Sans nous connaitre, et sans vous avoir consulté, nous avons eu la même démarche à quelques années d'écart : https://www.instagram.com/p/B65s3j3oCWb/, https://www.instagram.com/p/B65lSj4C3iW/, https://www.instagram.com/p/CAR5EixKFYc/.

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    1. Mister Malcontent22 novembre 2020 à 07:23

      Ah excellent ! Le monde est petit ;)

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  2. Bonjour Il me semble que le 82 rue de Courcelles est une adresse fictive. Michael Lonsdale habitait Place Vauban - même immeuble que Simone Veil. On aperçoit d'ailleurs la Tour Eiffel depuis l'appartement. On voit aussi Antoine et Christine marcher ensemble avenue de Breteil donc tout près. Emmanuel

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    1. Bonjour Emmanuel, en effet c'est tout à fait exact j'ai, du reste, mis à jour mon article. Merci à vous.

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  3. Bonjour, j'ai relevé 2 erreurs que l'on trouve souvent sur internet. La maison du 44 avenue Edouard vaillant a bien été rasée, mais elle était à Pantin, les immeuble en face existent toujours. Et Maralex c'était le magasin du 87 av de Wagram cela m'a été confirmé par les employés Maralex du 1 rue de la Pompe. Cordialement et merci pour tout le reste qui m'a beaucoup appris

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    1. Bonjour et merci pour vos précisions ! J'en ai profité pour corriger ces deux points dans la foulée.

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    2. Merci d'avoir modifié, je travaille actuellement sur une visite guidée Doinel - Denis Dugas

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  4. Bonjour, Que voilà un travail fort appréciable ! Il y a des lieux que je n'aurais jamais identifiés, notamment la maison de Christine (quel dommage qu'elle soit détruite !).
    Par contre, si je puis me permettre, il me semble que ce n'est pas avec son beau-père qu'Antoine discute à la station de métro Saint-François Xavier, mais avec son collègue de l'agence de détectives. Bien cordialement.

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  5. Comment ne pas aimer "Baisers volés", "Domicile congjugal", "L'amour en fuite" ? Ce sont des films uniques, dans la lignée des "400 coups", avec le même Antoine Doinel. Seul regret : que la série n'ait pas pu se prolonger car le spectateur passionné eût apprécié que cette "doinellographie" ne s'interrompît pas...
    Un petit coup de chapeau adressé à M. Harry-Max, comédien que l'on a quelque peu oublié ; c'est injuste. Pour d'énigmatiques raisons, cet acteur a toujours suscité intérêt et attention. Je l'ai même (seulement) croisé un jour dans la rue, à la fin des années 60, étant adolescent, vers le Bld de Strasbourg (à Paris). Qui se souvient encore de M. Harry-Max ?
    Merci pour cette nouvelle étude accomplie par Patrick Six, réalisateur passéiste faisant tourner la manivelle de sa caméra à l'envers, pour mieux (et bien) remonter les escaliers du Temps...
    J'ai bien l'honneur.
    Gerald H. BENTER

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