A la recherche du Paris de Maigret. Article écrit à quatre mains par Patrick 6 et Françoise M.
F
Après avoir suivi les traces de Marcel Proust, Walter Benjamin et Ernest Hemingway, dans la partie littéraire de ce blog, nous nous demandions où le hasard (voire l'inspiration) nous mènerait. Et un beau jour (enfin, une journée parisienne typique, donc plombée par un ciel gris), nous nous sommes dit : "Mais si nous partions plutôt sur les traces d'un personnage de fiction ?!" Oui, mais...lequel ? D'Artagnan et Vautrin nous tentaient bien mais pister le héros de Dumas ou celui de Balzac aurait été une tâche un peu rude quant à la partie iconographique de notre article.
Amateurs de polars, nous pensâmes à Rouletabille : mais trop international... Arsène Lupin ? Décidément trop normand !
Et puis, l'idée arriva : Maigret, Jules Maigret, le personnage créé par Georges Simenon ! Eh oui, voilà une idée qu'elle était bonne !
Et puis, l'idée arriva : Maigret, Jules Maigret, le personnage créé par Georges Simenon ! Eh oui, voilà une idée qu'elle était bonne !
Une bonne idée, vraiment ?
En regardant de plus près certains chiffres, la dure réalité s'imposa : Simenon a écrit, rien que sous son nom, plus de 70 romans dont Maigret est le héros et parmi ceux-ci (rédigés de 1931 à 1972), une grande soixantaine situe l'action (soit partiellement, soit intégralement) à Paris.
Devant ces chiffres accablants, que faire ?
Abandonner ce projet démesuré ? C'eût été indigne de Maigret, lequel, même sommé de le faire - comme dans Maigret se défend - n'abandonne jamais une enquête.
Suivre notre héros, dans le détail, pour chacun des textes ? C'eût été long et fastidieux, tant pour nous que pour de possibles lecteurs.
En regardant de plus près certains chiffres, la dure réalité s'imposa : Simenon a écrit, rien que sous son nom, plus de 70 romans dont Maigret est le héros et parmi ceux-ci (rédigés de 1931 à 1972), une grande soixantaine situe l'action (soit partiellement, soit intégralement) à Paris.
Devant ces chiffres accablants, que faire ?
Abandonner ce projet démesuré ? C'eût été indigne de Maigret, lequel, même sommé de le faire - comme dans Maigret se défend - n'abandonne jamais une enquête.
Suivre notre héros, dans le détail, pour chacun des textes ? C'eût été long et fastidieux, tant pour nous que pour de possibles lecteurs.
Nous décidâmes de suivre Jules Maigret, selon la méthode qui était la sienne pour mener une enquête. Ce qui revenait à s'imprégner d'un contexte dans lequel évoluaient victimes et suspects.
Dans un premier temps, nous allions voir quel était le Paris que Simenon, le père spirituel de Maigret, avait connu.
Dans un premier temps, nous allions voir quel était le Paris que Simenon, le père spirituel de Maigret, avait connu.
Simenon immortalisé ici, par Robert Doisneau, en 1962. |
Simenon se tenait devant Le Café Brebant, situé au 32, boulevard Poissonnière. |
LE PARIS DE MISTER SIMENON...
A dix-neuf ans, Georges Simenon, déjà journaliste, arrive de Liège, dans la capitale française. Il est, tout d'abord, hébergé à Montmartre, au 13 rue du Mont-Cenis, par son ami Lafnet - artiste dont l'atelier constitue le lieu de rendez-vous des liégeois à Paris.
Il séjourne, par la suite, dans divers hôtels du 17ème arrondissement (tels que l'hôtel Berta, rue Darcet ou l'hôtel Beauséjour, rue des Dames, donc dans le quartier des Batignolles).
Avec sa femme, Régine, qu'il a surnommée Tigy, il finit par emménager au 21, place des Vosges, domicile qu'ils occuperont de 1924 à 1929, tout d'abord sur la cour, puis au deuxième étage.
Le couple Simenon avait une fort belle vue en sortant de chez lui ! |
Le 21, sous les arcades de la place des Vosges. |
Les mêmes, de nos jours. |
La cour du 21, place des Vosges. L'actuelle (charmante) gardienne n'ayant pas entendu parler de Simenon, nous ne saurions dire quelles fenêtres étaient les siennes. |
Le Paris de Georges Simenon, c'est donc celui des Années Folles : comme Radek, l'assassin de La tête d'un homme, il passe le début de ses soirées à la Coupole.
La Boule Blanche, toujours dans le quartier Montparnasse, rue Vavin, sera le lieu d'un mémorable "Bal Anthropométrique" qui assurera le lancement publicitaire des premiers Maigret.
Paris est un lieu de découvertes, d'expériences mais, surtout, un lieu de travail pour Simenon. Il publie, entre 1924 et 1931, sous de multiples pseudonymes (parmi lesquels Georges Sim, Jean du Perry, Gom Gut, Jacques Dersonne), apprenant ainsi son métier et suivant le conseil que lui a prodigué Colette : "Pas de Littérature ! Supprimez toute la Littérature !"
Il multiplie ensuite les déplacements : des séjours en province et, après un tour du monde, s'établit à Neuilly, au 7, boulevard Richard-Wallace, en bordure du bois de Boulogne.
Pendant trois mois, il fera office de Haut Commissaire à l'accueil des réfugiés belges, à La Rochelle et passera la guerre essentiellement en province, ne retournant à Paris, de loin en loin, que grâce à des sauf-conduits obtenus, à l'aide, surtout, de Jean Luchaire, dont le quotidien est financé par Pierre Laval et Otto Abetz (l'ambassadeur d'Allemagne en France, de 1940 à 1944).
Lors de ces séjours parisiens, on voit Simenon au Georges V ou à la Tour d'Argent. Il fréquente également les plus fameuses maisons closes de l'époque, telles que Le Sphinx ou l'Etoile de Kléber (à 5 minutes à pied du 93, rue Lauriston).
Une loi de 1946 a définitivement fermé les maisons closes (!), c'est donc logiquement que le Sphinx n'existe plus, de nos jours, au 31, boulevard Edgar Quinet. Par contre, une douce ironie a voulu qu'une banque occupe désormais la place de l'ancien bordel... De là à dire que les banquiers sont les enfants des anciennes travailleuses sexuelles, il n'y a qu'un pas. Nous nous garderons bien de le franchir (tout en n'en pensant pas moins). |
Après une assignation à résidence aux Sables d'Olonne, à la Libération (afin de faire la lumière sur son rôle pendant l'Occupation), Simenon passera par Paris (le Claridge, la Place des Vosges) avant de partir pour l'Amérique du Nord et d'y rester dix ans.
A son retour en Europe (en France, puis en Suisse) il séjournera encore à Paris mais n'y résidera plus. Son Paris, celui où sa carrière d'écrivain fut encouragée par Gide, celui de son aventure avec Joséphine Baker, ce Paris disparaît peu à peu et devient une ville factice pour touristes argentés, hantant des palaces et des restaurants luxueux.
Toutefois, le souvenir du Paris réel, de celui qu'arpentent les Parisiens, se décante, à l'aide des annuaires, des plans et c'est, désormais, sa créature de papier la plus connue, célèbre dans le monde entier, qui le parcourra : Jules Maigret.
...LE PARIS DU DOCTEUR MAIGRET
Tout lecteur de la magistrale biographie de Georges Simenon rédigée par Pierre Assouline a compris l'horreur de l'immobilité pour le romancier, son besoin compulsif de voyager. Le même lecteur s'est interrogé sur le calcul "élégant", effectué pour le bénéfice de Fellini, selon lequel Simenon aurait "eu dix-mille femmes". Ce même lecteur s'est amusé de la précipitation de Simenon, alors qu'il était journaliste, ce qui l'a conduit à une analyse totalement erronée de l'affaire Stavisky. Et, au fil de la lecture de la biographie, il y a eu la découverte des rapports compliqués de Georges Simenon et de sa mère, Henriette, et de Georges Simenon et de son frère cadet, Christian (véritable collaborateur, lui, puisque membre de Rex, une organisation pro-hitlérienne en Belgique, il a, notamment, participé à un massacre de civils).
Or, le lecteur de cette biographie, lisant ensuite les aventures de Maigret, découvre un personnage essentiellement attaché à Paris, au point que, dans Maigret s'amuse, il passe sa semaine de vacances dans la capitale plutôt que d'aller, disons, au bord de la mer.
Contrairement à son créateur, Maigret est monogame, marié à Louise, une femme attentionnée (un rien maternante) et cuisinière émérite.
Il a horreur de se hâter, lorsqu'il enquête, ce qui est source de conflits avec son vieil ennemi, le juge Coméliau.
Plus troublant, encore : Maigret, lui, perd sa mère, alors que celle-ci met au monde un second enfant, mort également.
C'est, dès qu'il apparaît, le personnage de Maigret, qui connaît Paris : pour les nécessités de ses enquêtes, ou pour son plaisir, il parcourt à pied, en autobus, en taxi ou conduit par un inspecteur (lui-même ne sachant pas conduire), une ville réelle où des êtres de chair et de sang, vivent, meurent, tuent ou sont tués.
Maigret le dit à plusieurs reprises : il aurait voulu être médecin, a même commencé des études, mais devenu orphelin, les a interrompues. C'est par hasard qu'il est entré dans la police. Il se voudrait "raccommodeur de destinées", selon l'expression qu'il emploie dans Les mémoires de Maigret.
Simenon, en personne, prenant la pose devant le 36, quai des orfèvres en 1951. |
Actuellement le 36, quai des orfèvres est en plein travaux. Impossible, donc, de reproduire la photo d'époque. Vous devrez donc vous contenter d'une prise de vue de l'hideuse palissade. |
Le Paris professionnel et intime de Maigret, tout lecteur le connaît, le reconnaît, le fait sien, après la lecture de quelques romans.
Il y a, bien évidemment, le 36, quai des Orfèvres, l'ancienne adresse de la Police Judiciaire, où il a gravi les échelons administratifs et, devenu commissaire, s'entoure essentiellement de trois fidèles : Janvier, le plus ancien collaborateur (un grand roux, ce qui lui pose parfois problème pour une filature), Lucas (petit et gros, qui admire tellement Maigret qu'il imite souvent sa gestuelle) et Lapointe (dernier arrivé, il reste longtemps : "Le jeune Lapointe").
Maigret travaille également souvent avec Moers, de la police scientifique, et avec le docteur Paul, médecin-légiste.
Ce travail d'équipe de la police, le retour des figures qui gravitent autour de l'enquêteur principal sera repris par Ed Mac Bain dans les enquêtes du détective Carella au sein du 87th precinct.
La célèbre Direction Régionale de la Police Judiciaire de la préfecture de police de Paris en 1950. |
Le 36, Quai des Orfèvres en plein travaux. |
Près de la PJ, Maigret aime aller déjeuner à la Brasserie Dauphine (lieu purement fictif, celui- là, même s'il était inspiré par le café-restaurant "Aux trois marches", lequel se situait entre la place Dauphine et le Quai de l'Horloge).
"Aux trois marches" une très bonne adresse, selon Simenon. |
De nos jours, il n'est pas possible de se restaurer au 2, rue de Harlay ! La Maison du Barreau a remplacé depuis longtemps le café-restaurant apprécié par Simenon. |
Même si Maigret, se sentant serviteur public redevable auprès des contribuables, passe l'essentiel de sa vie à travailler, il n'en a pas moins une vie privée.
Il vit, avec sa femme, au 3ème étage du 132, boulevard Richard Lenoir, donc, entre les places de la République et de la Bastille, dans un quartier plutôt populaire. (On notera que, dans Les mémoires de Maigret, Simenon, partant en voyage, prête aux Maigret son appartement de la place des Vosges, lors du ravalement de la façade du 132, boulevard Richard Lenoir). Rentré chez lui, Maigret se laisse dorloter (en bougonnant) par Madame Maigret et envelopper par la quiétude de son ménage.
Le boulevard Richard Lenoir en 1907, vu depuis l'avenue de la République. |
Si la voierie n'est plus la même, la perspective et les immeubles de chaque côté n'ont pas changé. L'appartement des Maigret se trouvait dans le bâtiment faisant angle, à gauche de la photo. |
La façade du 132, Bd Richard Lenoir, domicile (imaginaire) du couple Maigret. |
Les loisirs de Maigret et de sa femme consistent, en premier lieu, à recevoir, une fois par mois, et visiter, une fois par mois également, leurs amis, le docteur Pardon et sa femme lesquels, dans Maigret et le tueur, habitent boulevard Voltaire, à moins de cent mètres de la rue Popincourt et, dans Maigret s'amuse, rue de Picpus.
C'est vraisemblablement ici que Maigret et le docteur Pardon découvrent le cadavre d'Antoine Batille, dans Maigret et le tueur. |
Au niveau du 44, rue Popincourt, en direction du boulevard Voltaire. |
Madame Maigret ne dédaigne pas de délaisser ses fourneaux et de découvrir de nouveaux restaurants, avec son mari et, surtout, de retourner dans ceux de leur jeunesse. Mais, leur loisir favori est de se rendre à pied, se tenant par le bras, dans un cinéma des Boulevards.
On peut les imaginer, allant au Strasbourg, 8, boulevard Bonne Nouvelle, ou au Parisiana, 27, boulevard Poissonnière (devenu le Richelieu, en 1957), voire pousser jusqu'à l'Impérial Pathé, au 29, boulevard des Italiens (qui projette, en 1956, Maigret dirige l'enquête, de Stany Cordier et, à partir du 30 septembre 1959, Maigret et l'affaire Saint Fiacre).
Depuis sa fermeture, différents commerces se sont succédé (dont un sex shop). C'est finalement un magasin bio qui trône au 8, Boulevard Bonne Nouvelle. |
Initialement inauguré comme un théâtre en 1894, le Parisiana, a été transformé en cinéma en 1910. |
Le cinéma situé au 27, boulevard Poissonnière a fermé en 1987. |
L'Impérial Pathé (renommé plus tard Gaumont Opéra Impérial) a été inauguré en 1926. |
Le cinéma a fermé ses portes en 2001, il est désormais remplacé par un restaurant libanais au 29, boulevard des Italiens. |
MAIGRET ET LES ECRANS :
Les Maigret, donc, aiment le cinéma. Dans les derniers romans de la série, ils installent la télévision chez eux (probablement dans les années 60).
Mais les écrans les aiment-ils ?
L'affaire s'annonce plutôt mal parce que l'une des premières adaptations des enquêtes du commissaire, La nuit du carrefour, par Jean Renoir, si elle crée bien une "atmosphère Maigret" (nuit, pluie, pavés mouillés) rend l'intrigue totalement incompréhensible (selon la légende, ce serait le résultat d'une bobine égarée).
C'est essentiellement parce que Simenon céda les droits de ses livres à la Continental (firme allemande installée en France pendant l'Occupation) qu'il fut inquiété à la Libération. Certes, le fait qu'Albert Préjean (sérieusement compromis après un voyage de propagande à Berlin, avec d'autres artistes) eut joué le rôle de Maigret n'arrangea pas la situation.
Des trois films (Picpus, réalisé par Richard Pottier, Cécile est morte et Les caves du Majestic, à nouveau réalisé par Richard Pottier), seul le deuxième, de Maurice Tourneur, Cécile est morte, aurait pu réconcilier Simenon avec la transposition de son univers au cinéma.
Mais, pendant longtemps, il refusa de considérer les offres du septième art.
Ce n'est qu'en 1952, devant le film à sketches d'Henri Verneuil, Brelan d'as, qu'il eut le sentiment de voir, enfin, sur l'écran "son" Maigret : Michel Simon.
Ses sentiments pour le moins mitigés à l'égard du Septième Art ne l'empêchèrent pas d'être le président du jury du 13ème festival de Cannes, en 1960, et de peser de tout son poids pour l'attribution de la palme à la Dolce Vita de Fellini.
Michel Simon, le meilleur Maigret ? |
En ce qui nous concerne, la question que nous nous posions était la suivante : les cinéastes qui ont adapté les romans où Maigret évolue à Paris ont-ils respecté le décor installé dans le roman ?
Nous avons donc décidé de juger sur pièce, en regardant de près l'une des plus célèbres adaptations sur grand écran, à savoir Maigret tend un piège.
Le roman est écrit en 1955 (à Mougins, dans les Alpes-Maritimes). Le film de Jean Delannoy sort en 1958, avec des dialogues de Michel Audiard et Jean Gabin dans le rôle de Maigret. (Le succès du film est tel que, un an plus tard, on retrouvera le même trio dans l'adaptation de Maigret et l'affaire Saint Fiacre.)
L'intrigue du roman est réduite à l'essentiel : Maigret traque un tueur de femmes en série.
Outre les passages obligés de toute enquête de Maigret (la PJ, la brasserie Dauphine, l'appartement du boulevard Richard Lenoir), les autres lieux de l'action sont très circonscrits et indiqués avec précision. Les meurtres ont lieu dans le 18ème arrondissement, à Montmartre, dans un secteur qu'on peut délimiter par quatre stations de métro : Lamarck, Abbesses, Place Blanche et Place de Clichy.
Maigret se remémore, rentrant chez lui, le nom de chacune des victimes, la date et le lieu de son assassinat (ce dernier point étant, naturellement, celui qui nous importe le plus ici) :
- Arlette Dutour - 2 février
- Joséphine Simmer - 3 mars
- Monique Juteaux - 17 avril
- Marie Bernard - 15 juin
- Georgette Lecoin - 21 juillet
On imagine facilement, à partir de cette photo, le cadavre d'Arlette Dutour, tuée de deux coups de couteau avenue Rachel, tout près de la place de Clichy. |
L'avenue Rachel de nos jours. Le côté droit a totalement changé, en revanche, l'entrée du cimetière Montmartre reste immuable. |
L'aspect quasi villageois et paisible de la place, sur cette photo, est démenti dans Maigret tend un piège par la violence dont Simenon l'entoure. |
Le carrefour de la place de Clichy a été totalement modifié depuis la photo. La statue et les bâtiments du fond demeurent, cependant, les mêmes. |
Le Moulin de la Galette est toujours en place, rue Lepic, on peut cependant voir qu'il ne s'agit pas du modèle original. |
C'est dans la rue Etex, par un soir de pluie, que meurt Monique Juteaux, une couturière de 24 ans. |
Le carrefour de la rue Lamarck et de la rue Etex (notez, sur la carte postale précédente, la faute dans le nom de la rue). |
Marie Bernard, veuve de 52 ans, meurt, quant à elle, rue Durantin. |
La perspective de la rue Durantin reste inchangée de nos jours. |
La suite du roman conduit les enquêteurs rue Norvins, dans le même secteur, puis l'enquête s'élargit, passant par la rue des Petits Champs, dans le 2ème arrondissement et le 228 bis, boulevard Saint Germain, donc, dans le 7ème arrondissement, avant de revenir dans le 18ème, au coin de la rue Caulaincourt et de la rue Joseph de Maistre.
Un dernier crime est, pourtant, commis avant que Maigret puisse mettre fin à son enquête et s'accorder une très longue nuit de sommeil réparateur.
Hélas, lors de notre passage, la rue Norvins était, comme bien souvent, pleine de touristes, rendant toute photo inexploitable (et, de plus, il pleuvait). Nous nous sommes donc rabattus sur une image tirée du Street view. |
L'enquête poursuit son cours, rue des Petits- Champs, fort animée, au début du vingtième siècle. |
La rue des Petits-Champs, à son croisement avec la rue de Richelieu, est toujours aussi bondée qu'il y a 100 ans ! |
Le métro rue du Bac, à deux pas du 228, boulevard Saint-Germain où réside le principal suspect. |
Si la statue que l'on voit à l'arrière plan de la photo de 1900 a disparu, le carrefour des boulevards Saint-Germain et Raspail est resté identique. |
Par la suite, un immeuble situé à l'angle de la rue Caulaincourt et de la rue Joseph de Maistre va s'avérer crucial pour la résolution de l'enquête. |
La rue Damrémont, côté rue Joseph de Maistre, reste inchangée. |
Quel quartier plus pittoresque, plus "parisien" que la Butte Montmartre ?
Or, surprise, surprise... Le film de Jean Delannoy se déroule... au Marais ! Hommage à l'ancien locataire de la place des Vosges ? Problèmes d'intendance ?
A vrai dire, la plus grande partie du film a été tournée dans les décors du studio d'Epinay. Tout au plus, peut-on identifier un peu la place des Vosges et la place de la Bastille, telles qu'elles étaient dans les années 50, ainsi que, Dieu sait pourquoi, le quai Blériot, dans le 16ème arrondissement en lieu et place du boulevard Saint-Germain du roman.
Puisque nous évoquons le film de Jean Delannoy, Maigret tend un piège, sorti en 1958, poursuivons avec ce petit comparatif Paris Avant/ Après que nous prisons particulièrement.
Une pipe iconique sur un plan de Paris : le décor est posé. |
Le film commence alors que l'agent Simoni est en pleine ronde. |
Place des Vosges de nos jours, au niveau du numéro 1. |
Le policier utilise un téléphone dédié pour contacter le commissariat du 4ème. |
L'histoire ne dit pas s'il y a eu un jour un téléphone de police place des Vosges. Il n'y en a, quoi qu'il en soit, pas trace de nos jours. |
0h04 : Le policier continue sa ronde. Il ignore que la boucherie devant laquelle il passe sera bientôt un lieu de crime. |
Difficile de reconnaître l'endroit exact de cette scène, tant les arcades de la Place des Vosges se ressemblent. Cependant le numéro 13 semble un parfait suspect. |
0h14 : Maigret (Jean Gabin) retrouve son doux foyer aprés une journée de labeur. |
La place de la Bastille de nos jours. |
0h39 Yvonne Maurin, aprés avoir vu un attroupement dans le Marais, rentre chez elle... |
Yvonne (la toute jeune Annie Girardot) se trouvait face au 104, Quai Louis Blériot, dans le 16ème. |
Elle ne tarde pas à repérer la filature de l'inspecteur Lagrume. Qui l'a suivie, trouvant son attitude suspecte, lors de l'attroupement. |
Le porche du 104, Quai Louis Blériot est désormais protégé par un grillage et un digicode. |
L'inspecteur Lagrume, de plus en plus suspicieux, appelle son chef à la rescousse. |
De nos jours, comme à l'époque, la façade du 104, Quai Louis Blériot est toujours aussi disgracieuse ! |
Le commissaire Maigret veut en avoir le cœur net et décide de confronter Yvonne et son mari. |
Soucieux de préserver la quiétude du lieu, nous n'avons pas franchi le seuil du 104, Quai Louis Blériot. Depuis le porche, on peut cependant encore apercevoir l'interphone du film. |
Donc, admettons-le, aprés lecture du roman et visionnage du film qui en est tiré, le décor importe peu : c'est le caractère de Maigret qui séduit le lecteur, le spectateur, son empathie avec "les petites gens", sa manière de comprendre, sans l'excuser pour autant, le criminel le plus endurci.
Dès lors comment s'étonner du désir d'incarner Maigret de tant d'acteurs, français ou étrangers ? Charles Laughton, Jean Gabin (déjà cité) ou, plus récemment, Gérard Depardieu s'y sont essayé, de même que Gino Cervi, dans Le commissaire Maigret à Pigalle, de Mario Landi.
Comme nous l'avons vu plus haut, le 36, quai des Orfèvres est actuellement en plein travaux : nous avons dû nous rabattre sur une photo du Streetview pour trouver une vue dégagée. |
Quant à la télévision ? Puisque nous nous sommes également posé la question.
Mauvaise question : le petit écran a adoré Maigret et on l'a retrouvé parlant toutes les langues : italien avec, à nouveau, Gino Cervi, ou Sergio Castellitto, néerlandais, avec Jan Teulings...
Certes, Maigret a fait les beaux soirs de la TV française, grâce à Jean Richard (jugé très durement par Simenon) et Bruno Crémer. Mais Simenon ayant signé un contrat avec la BBC, la série avec Rupert Davis ("le meilleur ", selon Simenon qui l'avait déjà dit de Michel Simon et de Jean Gabin) fut diffusée au Royaume Uni, certes, mais aussi au Canada, au Nigéria, au Kenya et en Jamaïque...
Nous aimerions, toutefois, terminer cet article sur ce personnage discret et cependant essentiel dans l'univers de Maigret : Louise Maigret. L'actrice que Simenon considéra comme celle qui incarnait le mieux l'idée que le romancier s'en faisait était Tomomi Sato, dans la série : Tokyo Megure Keishi) qui joua l'épouse de Maigret (de son nom japonisé Megure) pendant 25 épisodes...
メグレ警視は日本にいた!すごい! |
La transposition des actions dans le Tokyo de la fin des années 1970 met peut être Madame Maigret en valeur mais, pour nous, flâneurs impénitents, amoureux de Paris, le personnage de Jules Maigret est indissolublement lié à cette ville .
Déjà, des embouteillages Place de la Concorde, mais pas de cadavre, comme dans Maigret et son mort. |
La Place de la Concorde, de nos jours, avec ses fontaines rénovées (probablement en vue des JO). |
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire